L’été est chose insupportable en soi. S’il n’y avait pas les soirées et les nuits, nous serions nombreux à nous être pendus. Et les cocktails, apéros dinatoires et autres petites beuveries crépusculaires. Quoi qu’on dise, à doses honnêtes et mondaines, l’alcool et les petits fours c’est le bien. Le Purgatoire ressemble certainement à un jour comme vendredi dernier, avec comme musique la super-lente de Final Fantasy VII et comme décor un fond d’écran windows, le tout assorti d’une interdiction de picoler et/ou de consommer des trucs salés.
Comme votre servante aime recevoir au delà du simple apéro bière pizza -qui n’est pas mal, mais qui ne sied pas à l’ennui de l’été-, et qu’elle aimait bien la chimie au lycée -même si par malheur son prof était beaucoup moins marrant que Walter White-, elle a testé et amélioré quelques petites recettes qu’elle entend faire partager, ça te sauvera peut-être de la bassine de mojito et des knakis réchauffés au micro-ondes. Ce lundi, les liquides. Le suivant, les solides (et donc le retour du guacamole et autres joyeusetés)
Sans alcool:
Très utile quand tu es une connasse en cloque avec des invités casse-burnes (si tu es en cloque et tombée sur cette page, apprends que tenter de fabriquer un monstre en buvant deux trois gorgées de bière par-ci par-là voire un verre de vin dans une fête où il fait 35°C et qu’il n’y a RIEN d’autre à boire ne marche pas, la mienne de gamine a facilement six mois d’avance au niveau psychomoteur) et que tu veux pas perdre la face devant Magali de la compta qui va te sortir qu’on ne boit pas enceinte, ou que malheureusement tu ne bois pas pour d’autres raisons non transitoires, voici mes préférés :
Limonade rose
La limonade rose est une putain d’invention qu’on ne trouve pas assez dans les cocktails en France. Aux States c’est un peu le must-have et on peut même en filer aux mômes, ça les détournera de sodas bien trop sucrés et pas bons pour eux. Pour un litre, il te faut un verre de jus de citron (fais comme moi, achète-le au litre, le goût est préservé, ça évite que ta cuisine pue le citron moisi parce que tu en oublieras toujours un, et tu t’évites de le presser toi-même), un verre de jus de cranberry (bio de préférence, mais tu peux aussi mettre du pas bio, ça fera juste pleurer un ou deux chatons et le petit Jésus), un petit bout de gingembre (facultatif) et selon le sucre contenu dans le cranberry et le goût de celui qui prépare, une à plusieurs cuillers de sucre roux (idem, tu peux mettre du sucre blanc premier prix et là tu feras aussi pleurer un bébé phoque, ou du sirop d’agave, ce que j’ai tendance à faire).
A mettre au frais et à servir sur lit de glaçons. Pour les alcooliques patentés, un bouchon de vodka ajoute une petite touche délicieuse.
Revenge of the Ultraviolet
(celui là je suis très fière du nom; presque autant que la fois où, ados, avec mes cousins, on a testé plein de mélanges de sirops dégueux pour arriver à un truc qu’on a baptisé Le Piège Diabolique -hommage évident-, dont je ne me souviens plus des proportions sauf qu’il y avait une très forte dose de sirop de mandarine sur du Panaché, référence à l’explosion du château de Miloch je suppose)
A éviter si tu es diabétique (ça arrive malheureusement dans les meilleures maisons), le Revenge of the UltraViolet est visuellement du meilleur effet. Niveau goût, c’est un peu spécial. A boire évidemment dès que préparé. Sur un lit de glaçons, verser un bouchon de sirop de violette (suffisamment pour la couleur et le goût, pas trop sinon c’est écoeurant), un tiers de verre de jus de fruits rouges (cranberry ou raisin fonctionnent très bien, le tout est de prendre un jus peu sucré à la base vu qu’on a déjà mis du sirop), un quart de verre de jus d’ananas et un dernier tiers de jus d’orange (ou de mandarine, le retour du Piège quoi). Parfait s’il fait très chaud et avec un pâté végétal sur des tranches de pain aux céréales.
Si tu es un citoyen du monde pour reprendre l’expression de Louis Renault, tu peux toujours rajouter une larme de vodka, encore et toujours.
Alcoolisées
L’alcool, c’est quand même le bien. Voici quelques uns des cocktails de la mort avec lesquels j’ai déjà empoisonné régalé quelques-unes de mes accointances:
Bloody Mary version Plantation
Le Bloody Mary -et son cousin le Clamato- est un peu la recette sur laquelle je me suis le plus exercée, tellement que tu fais pas une fête au Bled sans. Je passerai sous silence la version avec de la bière Tecate (je doute que ça change avec de la Chimay ceci dit) qui est juste innommable et dont l’inventeur était certainement un crétin bourré de la Fac d’Océanographie d’Ensenada (une très bonne unité de recherche soit dit en passant) à la Fête du Taco et de la Bière. Voici donc, après des années de test, la version approuvée par tout le monde, même que des gens m’ont demandé la recette.
Dans un grand verre à whisky, on dépose une cuiller de jus de citron (même conseil que ci-dessus), une cuiller de sauce Worcestershire (pour les noeuds en anglais, se prononce Woustershire), une cuiller de sauce soja et une pincée de piment en poudre (c’est très bien avec de l’espelette ou du habanero en poudre, une variante consistant à glacer le rebord du verre avec). On met par-dessus un lit de glaçons, puis la dose de vodka (une dose bar suffit à mon sens); puis on recouvre le tout de jus de légumes (V8 ou autres, le jus de tomate est bien, mais un peu limité à mon sens). Juste avant de servir, quelques gouttes de tabasco et une pincée de piment en poudre (celui de tout à l’heure ou un autre, ça dépend de la richesse de votre cellier). Enjoy.
La Margarita coco/piment/citron
Partout au Mexique, tu peux trouver des bars qui se vantent (trop dommage, le français n’a pas un verbe comme vanagloriarse, qui là exprimerait parfaitement ma pensée profonde) d’avoir été le siège de l’invention de la margarita. Force est de constater que tu en trouves partout sous différentes versions, des bars de la Condesa à Mexico aux rues touristiques d’Ensenada ou de la Paz, et avec des mélanges parfois étranges (et merveilleux diraient le poète). La Margarita est, avant tout, un cocktail fort trouble et piégeux: un peu comme les chips Sabritas de mon enfance, il est un peu dur de s’arrêter à une seule et ensuite…
Une bonne Margarita, donc, se compose de glace pilée, de téquila et de jus de citron. Le coup du vermouth, c’est un peu une agrég de mytho à deux balles des gringos. Après, on peut complètement improviser. Je t’éviterai la version fruits rouges parce qu’il me semble que j’ai déjà un peu trop donné de recettes avec du cranberry et autres saligauderies. A la place, celle qui déchire ton palais et sa mère.
On glace un grand verre à Martini avec du piment en poudre. Dans un shaker (où, à défaut, comme moi, dans votre ex-thermos qui est ma foi fort accueillant pour ce genre de petits trafics), mettez de la glace pilée, une dose de tequila, un demi verre à moutarde de citron et un quart de verre à moutarde de coco. Agitez fortement, libérez le tout dans votre verre et avant de servir, saupoudrez de piment en poudre.
White Russian chez les Basques
Si tu n’es pas parti sur Mars ces dernières années, petit lecteur, tu te souviens que le seul avantage (ou pas, hein) d’avoir épousé un mec à moitié basque, c’est la bouffe. Le Pays Basque et ses restaurants (ceci dit, c’est mieux du côté espagnol, moins péteux, plus traditionnel) quoi. Non, je ne mets pas du piment d’espelette dans le White Russian, j’ai juste testé la version sans PLV.
On met donc une dose de Kalhua (ou de Bailey’s, ne soyons pas sectaires), une dose de vodka et des glaçons dans un verre à whisky. On recouvre tout ce petit monde de lait de brebis. Une variante consiste à ajouter une cuiller de dulce de leche de brebis au tout, mais à tes risques et périls: mal dosé, tu vomiras des arc-en-ciel.
Super Frozen Irish Coffee
Il fait très chaud, tu as des serials picoleurs de qualité à dîner et tu ne sais pas quoi leur faire? Maman a la solution pour toi: le frozen irish coffee. Un jour pas si lointain que j’essayais de faire du homemade starfux avec mon blender, je suis parvenue à un truc qui me donnait envie de le tester avec une dose de whisky. D’où le frozen irish.
Vider dans ton blender (si tu es pauvre, le thermos cité ci-dessus fait aussi l’affaire) un demi-verre de glaçons, du café froid (voire congelé et tu fais d’une pierre deux coups), un verre de lait (de celui que tu veux, on est pas sectaires. Les meilleurs gustativement à mon sens sont les laits d’amande et le lait de vache complètement écrémé), une cuiller à café de cacao ou de chocolat en poudre, une demi cuiller à café de sucre vanillé et une dose de whisky (c’est également très bon avec du Bailey’s, de la Jagermeister -très froide elle aussi dans ce cas- voire même du rhum préparé). Le résultat doit être mousseux. Le servir dans un ou des verres à whisky et le recouvrir de chantilly (maison et peu sucrée c’est mieux, un jour je vous assommerai avec l’art d’utiliser un siphon).
La semaine prochaine, comment varier les plaisirs et échapper au guacamole en boîte et aux gâteaux Ikéa.
(modération toujours hein, comme disait la barbie connasse de mon agenda quand j’étais en CM2, « si tu veux rester mince et jolie évite les sucreries », je dirai personnellement « si tu ne veux pas ressembler au centurion pochtron d’Astérix, évite de piller le bar plus de trois soirs dans la semaine »)