Archives pour la catégorie Weekends et Feriays: Family-day

Mexican food porn et autres affaires

Autant le dire franchement: je n’avais absolument aucune envie de rentrer en France. Le climat délétère post-Charlie, je suppose. Le manque de perspectives cool dans ma branche. Le fait que de plus en plus de fromages soient pasteurisés. La face des gens. Je n’ai pas jeté d’oeil à ma boîte mail pro, mais je l’imagine prête à exploser, digne d’un concert de Rapcat en matière de couineries et réclamations diverses.

Bref, je n’ai pas spécialement envie de tomber dans le délire la-France-ça-craint-c-est-nul mais je me demande si, à force de descendre d’expats, je ne suis pas arrivée au stade de « cassons-nous loin et vite, on reviendra plus tard ». Même si plus loin l’herbe n’est pas forcément plus verte.

On va dire que le chapitre sur « quand est-ce que je fais les valises », on l’ouvrira plus tard, de préférence dans six mois. Maintenant, tirons les enseignements de ce voyage, qui a été fort propice aux réflexions en tout genre:

  • Il est tout à fait facile de voyager avec un nain. Il suffit juste d’avoir de quoi le corrompre sous la main, que ce soit de la nourriture (on évitera ce qui tache et ce qui coule), des livres (on évitera Cinquante nuances de Panpan Culcul, l’écrase-mouche préféré de votre concierge), ou bien des jouets en tout genre. Et ceci constamment: toi qui ne t’es pas encore reproduit (ou dont le lardon est fraîchement démoulé), médite cette vérité: un moutard corrompu est un moutard sage.
  • Le chai latte, c’est meilleur quand il te le font avec du vrai thé. Comme le cappuccino, c’est meilleur avec du vrai café. Eh oui, maintenant on peut boire de l’expresso aux Amériques. Il suffit juste de connaître les bonnes adresses.
  • La Dos Equis clamato, c’est le bien.
  • IMG_8753
    Moitié bière, moitié clamato. C’est bon, tu peux me haïr

    Surtout par 28°C en bord de mer.

  • Que j’ai besoin, même dans un endroit paradisiaque, d’y être pour bosser. Je sais, ça doit être ma vieille conscience judéo-chrétienne. Ouais, même avec ce paysage:
  • Si ça peut te rassurer, l'eau était très froide.
    Si ça peut te rassurer, l’eau était très froide.

    Après, c’est justement quelque chose que je n’aimerais pas perdre: avoir le loisir de se servir de son cerveau dans des endroits paradisiaques, n’est-ce pas le bonheur suprême?

  • Les suisses qui font du fromage, tu en trouves dans les endroits les plus attendus. Perversité du peuple helvète.
  • Les bus grande ligne mexicains sont mieux équipés que les TER français.
  • Nos potes du bled sont chouettes. Et on va faire plein de projets communs parce que c’est bien plus marrant que « heu je suis pas venu à la séance d’enregistrement de la websérie, j’ai raté le RER »

Tout ça pour dire que dans cinq ou dix ans, quand ce sera professionnellement possible, on se tirera là-bas un ou deux ans. On louera une baraque sur Espiritu Santo et on invitera tous nos potes. Malheur à celui qui ratera le RER (ou pas). Autre solution: vu le nombre de mémères qui ont découvert le SM grâce à Panpancucul sur la commode, on pourra peut être même ouvrir un donjon et s’enrichir. Mais vu que Panpancucul sur la commode est au SM ce que M.Pokora est à Mahler, j’ai des doutes.

Pardon pour ce billet autosuffisant, mais demain je reprends le taf avec tous les rapcats. Et croyez-moi, c’est pas de la tarte.

La fabrique des quiches

Ce qui est bien avec Noël, c’est que tous les vieux poncifs à la noix ressortent comme des champignons après l’orage. Genre la meuf qui te disait que manger bio, c’est bien et c’est capital, elle te sort devant la machine à café, qu’elle est une intégriste du sapin, et que jamais elle mettra un sapin en plastique, que l’esprit de Noël c’est important et que donc elle sacrifiera un petit Nordmann qui ne lui a rien fait. Ou bien, la même qui te casse les gonades avec ses mails alarmistes sur le réchauffement climatique et là se la pétera genre « j’ai mis des guirlandes sur mon balcon, hihihihi ». Sans compter le greluchon (ouais parce que ce mal n’atteint pas que les femelles, ce serait trop facile sinon) qui te saoule sur comment c’est trop bien que les gosses croient au Père Noël, alors que tu sais que tu diras à ta fille à Noël prochain que y’a des gens qui croient à des trucs bizarres et légèrement crados (un vieux barbu qui rentre dans un conduit pour attirer les petits enfants, moi, ça me fait penser à Gilles de Rais sous LSD), et que la décence impose de ne pas leur donner la vérité: Noël, c’est l’occasion de ripailler et de se faire des cadeaux moches.

La vérité sur le Père Noël: c'est un branleur.
La vérité sur le Père Noël: c’est un branleur.

Comme les gens ne sont pas à une contradiction près, et qu’il faut donc faire des cadeaux moches qui ne correspondent pas forcément à ce dont tu as envie/besoin avant de s’adonner à la ripaille, ils commencent à envisager de gâter ton môme. Personnellement, je n’ai rien contre, juste que ma fille a une pleine malle de jouets et que, comme beaucoup de nains, elle se sert toujours des mêmes. Mais bon si ça peut faire plaisir aux gens, ça fait des trucs qu’on peut laisser a) dans la voiture b) dans la maison de vacances c) chez les grands parents. Et là, les marques de la grande distribution ont pensé à tout. Ainsi que les sites internet. Et c’est là qu’un truc pas nouveau mais qui devrait disparaître fait son entrée: le classement par sexe.

Depuis des milliards d’années (concrètement, depuis que l’anti-sexisme est dans l’air), tous les Noëls, les gens qui ont trois neurones connectés correctement font savoir que c’est dépassé, qu’on trouve aussi bien des garçons qui jouent à la poupée que des filles aux petites autos. Certaines enseignes (SuperU, entre autres, je crois) ont fini par intégrer le message, mais faut croire que pour d’autres c’est chose un peu plus laborieux, certainement parce qu’ils ciblent leurs clients parmi les gens de la MPT et autres anti-gender (qui ont d’ailleurs choisi fort peu judicieusement leur nom, puisque être anti-gender, c’est en fait être pour l’indistinction liée au genre sexué…) et les quichasses qui à longueur d’année te donnent des envie de meurtre avec des phrases en mode « hihihi, mais je suis une fille tu sais moi ». Non, meuf, t’es juste une disgraciée cognitive en fait.

Que les « braves gens » qui veulent les filles en rose se rassurent, le monde n’est pas prêt de changer:

Tu trouves ça dans ta boîte un dimanche matin, c'est rude.
Tu trouves ça dans ta boîte un dimanche matin, c’est rude.

La machine à fabriquer des princesses-à-poney, elle marche à plein régime. Ce que j’adore, c’est que le coffret « garçon » est plus élaboré, avec certes une resuce merdique d’un grand classique (resuce qui n’aurait jamais dû être autorisée, mais bon, tout le monde sait que je suis une sectaire qui a refusé de lire les nouveaux Blake et Mortimer et a saigné des yeux à l’annonce d’un faux Hercule Poirot), alors que les filles, ben elles ont juste le droit de rêver à être des… putain de princesses qui rêvent. Je suis pas allée voir, mais je ficherais volontiers mon billet qu’elles ont les mêmes rêves que dans cette collection-là.

Je n’ai rien intrinsèquement contre les princesses à paillettes, je refuse juste qu’elles soient le seul modèle viable pour les petites filles. C’est marrant, mais quand les braves familles sont sorties dans la rue pour gueuler contre la méchante école républicaine qui allait mettre les garçons en jupe, apprendre la masturbation (parce que leurs gosses ne se touchent pas?) et obliger (saaale) les filles à faire du bricolage, je vois pas trop en quoi en quoi ils se sentaient menacés.

Vazy, je suis une true rebel tout en restant une grosse gonzesse. Le seul truc qui manque à mon arme, c'est de cracher des cupcakes à paillettes...
Vazy, je suis une true rebel tout en restant une grosse gonzesse. Le seul truc qui manque à mon arme, c’est de cracher des cupcakes à paillettes.

Ah oui, si, on me glisse que maintenant certaines marques de jouet font des trucs sportifs et des guns pour fille. Comprendre, c’est rose quoi. Et un peu plus cher par le fait. La fabrique des quiches, elle fonctionne bon train, les stéréotypes genrés peuvent encore durer une génération. Au moins.

Bref, celui qui ose (d’ailleurs tout comme celui qui osera offrir à ma fille un livre de la collection Petite Fille), ses tripes finiront autour du sapin,  et pas un vrai Nordmann qui sent bon Noël…

La fuite du temps

J’ai de la chance. Pas pour tout, hein, sinon j’aurais le taf de mes rêves depuis longtemps, et tous mes étudiants SAURAIENT CE QUE C’EST LA GUERRE FROIDE, putain de merde. Il est malheureusement des fois où je présume que les pauvrets ont grandi dans la jungle élevés par deux ornithorynques au QI de moule morte. Ou, plus probablement, ils ont fait STG dans un lycée amorphe, ont eu 18 au bac dieu sait comment (probablement qu’on ne leur a pas demandé ce que c’était un tétraèdre, sinon c’était le séchage assuré) et arrivent à la fac en croyant que le prof va dicter les cours. Et la chatte de ta mère, elle dicte les cours aussi?

Bref, plus je vieillis plus je deviens réac. Ce qui est bien à la fac, c’est la déperdition qui s’ensuit dans les groupes à bas niveau. C’est dégueu de penser comme ça, de manière darwinienne, mais si tu préfères avoir une assemblée de cornichons qui souffle entre deux parties de Candy Crush parce qu’ils comprennent pas pourquoi tu es passé de 1970 à 1968 (« putain, c’est pas logique ce cours »), tu me préviens et je vais chercher mon matos de dominatrix en fait ta place n’est pas vraiment en fac.

Revenons à nos moutons. Un jour que j’étais dans une conversation avec dieu sait qui de pas important (probablement un ou une normopathe), est revenue une question que j’ai pas mal entendue ces dernières années, à savoir « tu préfèrerais pas des rythmes de travail plus équilibrés »? Et dans ma tête, j’ai dit « oh putain non, bordel ce serait trop la louze » mais comme je suis une fille polie et un peu lâche j’ai argué de vagues conciliations entre vie pro et vie de famille genre « tavu je peux récupérer ma gamine à 16h30 certains jours » (et faire du yoga, et aller au ciné, mais vu que j’ai un enfant de moins de trois ans il paraît que t’es une pupute si tu le fais en fait). Alors qu’en fait, la réponse elle est pas du tout là.

Je suis partisane, depuis que je suis très très jeune (on va dire 10 ans hein) du « tu bosses, vite, bien, le plus longtemps possible et après tu te reposes et tu t’amuses longtemps ». Avec le recul, je trouve marrant de ne pas avoir fini par faire une profession à horaires décalés (bon, le fait d’être auteure/prof/chercheure me fait parfois bosser tard le soir, mais chez moi, donc ça ne compte pas trop). L’étalage dans la durée, à part pour le sport, je trouve qu’il n’y a rien de plus chiant. Mes meilleures années d’étude, c’est celles où le temps était organisé de la sorte: mon CM1, où l’instit avait fini le programme en mars pour qu’après on ne puisse faire que du sport et du culturel (après, il a eu des emmerdes avec le rectorat pour ça, et c’est dommage*), les années au CNED où ma soeur et moi torchions les devoirs à envoyer fin mars, et après on vivait notre vie, et les années de doctorat où je pouvais passer des jours à écrire et d’autres à rien foutre. Partir très tôt et revenir très tard deux/trois jours par semaine et avoir des réunions de temps en temps, c’est finalement pour moi le rythme parfait. Et ça l’a toujours été.

Pour moi, l’étalement des semaines de cours est une monumentale connerie. A chaque fois que j’entends un cornichon qui n’a sans doute vu que des master et de doctorants depuis l’année 4 canard dire qu’il faut supprimer plein de semaines de vacances, j’ai envie de me marrer à mort. Bon, d’abord parce que déjà ils ont du mal à faire digérer la semaine de cinq jours, je les vois pas en plus se mettre à dos les divorcés, l’industrie du tourisme et une bonne partie des profs (et puis les deux mois en été chez les profs sont un mythe, demandez autour de vous), déjà que ce qu’ils appelaient pompeusement la « reconquête du mois de juin » a été un joli échec dans moult établissements. En tant que mère, on peut pas dire que ça m’arrangera pas le jour où ma gosse n’ira plus à la crèche, pourtant, personne n’aime bosser chez lui avec son nain qui court partout. Cela me fait surtout rire, parce que je ne vois pas trop sur quel élève ils se basent, à part un mou du cerveau avec le QI d’un kaki trop mur écrabouillé sur la grand-place un jeudi de marché. Je pense qu’on va les laisser se dépatouiller tranquillement avec leurs conneries de rythmes à la noix (y’a jamais de bonne heure pour prendre un groupe, de toutes manières: 8-10 h sont pas réveillés, 10h-12h ils ont faim, 13h-15h ils digèrent, passé 15h ils sont pétés parce qu’ils veulent partir, et OUI JE SUIS pour une pause méridienne la plus courte possible bordayl, parce que rentrer chez toi c’est quand même bath, et ça devrait être valable aussi pour les horaires de bureau). Bref, tout ça c’est foutaise et compagnie.

Je me souviens du moment où j’ai compris qu’arriver à gérer son temps était libérateur. Qu’il valait mieux ne s’arrêter que quand tout était terminé, une fois pour toutes. Et que pour une fois, on était pas en train de courir après quelque chose qui, un jour n’existerait plus.

 

 

Précis de vie orgiaque pour les jeunes parents et autres propriétaires de bull-dogs français

Partout les gens se répandent en lamentations sur le fait qu’atteindre la trentaine et se reproduire sont deux freins à la vie nocturne. Si cela n’en reste pas moins une limitation, force est de constater qu’il est excessif de pleurnicher que « ah putain, jamais plus je m’amuse comme à vingt ans » ou bien « nain né=plus de soirée de la mort« , avec son petit frère « la dernière fois que je suis sorti, ben il m’a fallu deux mois pour m’en remettre ». La blogosphère parentale, qui de toutes façons ressemble clairement à la vie de Ste Thérèse d’Avila et autres martyrs (je souffre le martyre, je fais offrande de ma souffrance et regardez les gens comment je souffre c’est trop bon, j’irai au Paradis et pas vous) adore être écho de ces « ah, cette soirée dégustation de vins où je suis rentrée à 23h, c’était trop bon même si je me suis inquiétée pour mes gosses parce que leur père est propre à rien et que j’ai vomi pendant trois jours », est en fait là pour déculpabiliser les gens qui pensent que s’amuser, c’est bien quand t’es étudiant et après tant pis si tu n’as plus d’opportunités et que tu te cantonnes au barbec’ les cheveux gras et le jogging de mise.

Une misérable sortie 19h-22h selon la parentosphère.
Une misérable sortie 19h-22h selon la parentosphère.

Alors que pas du tout. Dans la vie, le sadomasochisme c’est bien mais y mêler tes gosses c’est sale. Voilà pourquoi il faut s’arranger pour sortir sans de temps en temps et prendre encore plus de pied que quand tu étais un petit con étudiant.

 

Petit point à part: si j’avais dû compter sur les beuveries de mes années étudiantes pour garder des souvenirs de sublime déconne et de nuits blanches absolues, je me serais retrouvée marron, vu que jusqu’à la fin des années 2000, il était bien difficile pour moi de rentrer dans les boîtes rapport à mon allergie au tabac. Et puis avoir de l’argent pour picoler, c’est quand même le bien, et tu n’en as pas forcément des tonnes quand tu étudies.

Voyons donc comment s’orgier régulièrement quand on s’est reproduit et/ou qu’on a acquis un chien qui pleure toute la nuit quand on est pas là, ce qu’un chat, par décence, ne fera jamais -il se contentera de vous mépriser à votre retour-:

Raymond a un peu le complexe de Madama Butterfly. Et il fait autant de bruit que le grand air du IIe acte.
Raymond a un peu le complexe de Madama Butterfly. Et il fait autant de bruit que le grand air du IIe acte.

1/ Les grands-parents, c’est le bien

Le point noir du gosse (ou du bull-dog français, ici connu sous le nom de Raymond), c’est qu’il faut trouver un moyen de l’empêcher de couiner qui ne vous mette pas la SPA ou les services sociaux sur le dos, le mieux étant évidemment les grands parents. Ceux-ci coucheront l’enfant, lui liront l’intégrale de Saint Tchoupi Premier et chargeront peut être même le lave vaisselle. Dans le cas de Raymond, ils l’emmèneront même pisser au parc. Pendant ce temps, toi, tu ne gaspilleras pas un temps précieux à te demander s’il faut rentrer à l’heure, parce que tu sais que le pire qui peut arriver, c’est que ta mère tombe sur ton rabbit à paillettes intégrale des Tijuana Bibles, ce dont tu te fous éperdument parce qu’en fait elle a déjà mis la main dessus la fois où tu as amené ton mec aux Urgences.

Un chapitre de l'Evangile selon Tchoupi. Aujourd'hui: "Tchoupi pratique un loisir qui coûte un bras"
Un chapitre de l’Evangile selon Tchoupi. Aujourd’hui: « Tchoupi pratique un loisir qui coûte un bras »

Si ton gosse est trop mignon ou Raymond vraiment sociable, tu peux demander aussi à des potes et là tu te foutras qu’ils tombent sur ta collection de paddles pur cuir en plus les potes ne sont pas censés fouiller dans les tiroirs, mais des fois les potes n’ont pas spécialement envie de dormir dans ton lit pendant que tu t’orgies. Ou bien tu as aussi envie qu’ils viennent avec toi, ou pire, tu les gardes sous la main pour la prochaine fois où tu ramèneras ton mec aux Urgences, même que tu espères que ce sera dans très très très longtemps.

Du reste, si tu vas à une vraie orgie, tu n’es pas obligé de raconter la vérité. Tout ressemble à un bal masqué de nos jours, hein.

2/ Boire point trop n’en faut

C’est peut être le point noir de l’orgie: l’alcool c’est le mal. Enfin trop d’alcool. Si tu veux faire du 22h-5h sans finir dans les choux, un cocktail pas plus. Deux maxi. Même si tu prétends avoir une bonne retenue. Par contre l’alternance café-redbull-jus d’orange, c’est le bien, et en plus aucune loi de circulation ne l’interdit (le premier qui me sort « mais y’a le Noctilien et les taxis » sort).

Après si tu veux finir torché et devoir jouer aux duplos le lendemain matin alors que tu viens de vomir, c’est un peu ta vie de déchet. Remarquons qu’à vingt ans ç’aurait été la même chose, juste qu’à la place de ton lardon tu aurais eu ton coloc’ qui serait entré dans ta chambre à 12h pour t’expliquer comment la veille il avait sodomisé une chèvre en plâtre chanté l’intégrale des Kindertotenlieder à poil sur une table en plastique.

Sinon il reste l’option nuit de la beuverie, que tu feras chez toi, avec des camarades triés sur le volet et non sans avoir exporté Raymond et/ou le fruit de tes entrailles chez les grands-parents…

3/ L’orgie et les impétrants soigneusement tu choisiras

On est d’accord, le seul souci de ce genre de manifestation est qu »il faut la planifier à l’avance avec grand soin, à peu près comme un adultère mondain. Vu que le nombre de cartouches est limité (même si ton nain est trop mignon, peu probable que les grands parents en veuillent tous les weekends, rapport à que EUX aussi ont sûrement leurs orgies perso), autant ne pas être déçu et faire des tableaux excel avec a) le rapport qualité prix b) les gens croisables à ce truc c) les potes avec qui on peut se payer une bonne marrade d) les hasards de calendrier. Un seul détail qui foire, et ta super nuit devient aigre et chère payée. Il convient donc d’en discuter à deux, de bien choisir les opportunités et de ne pas hésiter à repousser celles où tu te dis que ça ne le fera pas, en évitant cependant les motifs futiles tels que « c’est la pleine Lune, en général Raymond est ingérable à ce moment-là » et « je me demande si les enfants vont supporter que je ne rentre pas leur lire Tchoupi visite le Bois de Boulogne« . Personne n’est indispensable sur un délai aussi ramassé. On ne parle pas d’aller au club Med sans Raymond ou le nain, on parle juste d’un espace temps sans gosses de maximum 12h.

(et mon conseil, tant pour les animaux que pour les enfants: il convient de les habituer dès leur plus jeune âge à des nuits sans parents ou maîtres, ils adorent ça en général. DES LEUR PLUS JEUNE AGE, putain. Mais bon je suis une mère dénaturée qui est très contente qu’on lui prenne son enfant quand elle est au resto, alors…)

Ce soin méticuleux apporté au choix du lieu et des gens doit aussi s’appliquer pour la tenue, l’itinéraire et la zone de stationnement. Un vrai adultère on vous a dit. (autrement dit les cravaches doivent être la veille dans le coffre de la caisse)

4/ Quand garder ton nain tu pourras, tu le garderas

Afin de ne pas te donner une réputation putrescente de « je passe mon temps dans des partouzes et j’ai pondu un gosse pour occuper Papy et Mémé » (ou j’ai acheté Raymond, au choix), lorsque tu vas au GN de Trou-du-Cul en Normandie, sa plage, ses gaufres et son trollball, tu prendras évidemment le nain et Raymond avec toi. D’abord parce que c’est facile d’en déguiser un en démon et l’autre en warg sous acide. Ensuite parce que ça peut permettre malgré tout de bons moments, quand Raymond aura volé la tête du troll ou que le nain se sera enfui loin devant toi sur la plage.

5/ Le bon délai post-fête tu évalueras

Quand on a de jeunes enfants, il est bon de dormir. Voilà pourquoi il est bon de s’arranger pour éviter de jouer à 8h aux Duplo, les enfants détestant parfois les grasses-matinées. Evitez le coup fourré évidemment: dites clairement à la personne à quelle heure vous reprenez le fruit de vos entrailles, et n’y dérogez pas. Il n’y a pas pire qu’un couillon de parent qui manque ses engagements.

Personnellement, j’ai testé ce combo vendredi soir. Personne n’a été blessé (même si je n’ai pas de bulldog français prénommé Raymond). Je remettrai ça dans un délai acceptable genre… trois mois (quoique mon père propose qu’on lui laisse l’enfant la semaine prochaine -rendre addicts les grands parents peut aussi servir la cause). Moralité: être un gros controlfreak organisé quand t’es parent c’est le bien (mais avant aussi en fait).

 

Embourgeoisement

C’est l’article qui ne sert strictement à rien.

Les nuages sont en train de s’assombrir derrière les buildings. Ce serait bien qu’il y ait de l’orage.

La chaîne hifi à Xmille boules, c’est le bien. Surtout pour écouter la retransmission de la Traviata et trouver que le chef d’orchestre a dû prendre deux lexomils avant l’acte II vu la rythmique qu’il impose (à part ça, rien à dire, très bon rendu). C’est con mais finalement il y a des constantes dans la vie, et écouter l’opéra le samedi soir sur France Mu en fait partie (sauf quand je dois me présenter à une orgie sadomasochiste avec tout et fouet). Mais bon maintenant, c’est en version embourgeoisée. Et pas juste à cause de la chaîne à Xmille boules.

Quand j’étais petite padawan scénariste (remarque, je suis pas encore devenue grande, quoique), le prof d’histoire du ciné disait qu’un héros n’accepte de s’embourgeoiser que s’il a trouvé la personne correcte pour devenir ridicule. Je pense que c’est bon, là. Je peux hurler « mais putain, mec, tu veux que les chanteurs défunctent en hyperventilation, accélère, t’es pas dans la montée d’Arnac la Poste » sans qu’on m’accuse de découper Verdi en rondelles. J’ai même été recrutée sur cette capacité y’a trois ans pour un CDI d’épouse. En même temps, je remarque juste que je suis en train de virer comme mon papy, qui invectivait les coureurs de la Banesto lors du Tour 1995 en prétendant que si ces messieurs faisaient pipi dans une éprouvette, celle-ci montrerait autant de substances illicites qu’un car de hippies. Sauf que moi j’ai changé de crémerie et j’en suis jamais qu’à ma 292e écoute de la Traviata (dont trois fois en live, pas les meilleures évidemment).

Faut avouer que l’avantage de l’opéra par rapport au cinéma, c’est justement que tu peux encore et encore disséquer -à part évidemment les films changeants, ceux dont il manque et manquera toujours des morceaux, Metropolis, les Stroheim, etc-, une version parfaite c’est rare et tant mieux. La chaîne à Xmille boules, c’est aussi le bien pour ça, et le mari à côté aussi. Je serais à Bastille présentement, je pourrais pas faire mes commentaires sur l’abus de lexomil et apprécier le spectacle en même temps (à Marseille, y’a quinze ans, c’était possible, mais je m’égare).

Au fond, mon prof -qui en même temps était un peu innocent en matière d’embourgeoisement sur les bords je crois-, il se plantait un peu. Il n’y a pas que la notion de ridicule, il y a aussi celle de commodité. Faire des choses que tu faisais quand tu avais huit ans, en restant chez toi comme quand tu avais huit ans, mais avec quelqu’un qui ne te dira pas « shttt écouteuh hein, respecte les musiciens d’abord », mais au contraire « c’est clair, qu’il repasse en seconde ». En même temps je me demande si le prof en question aurait osé dauber sur du Verdi.

(fin du IIe acte, on dirait que le chef a retrouvé son métronome)