Enormités

Depuis le début de la semaine, les politiques de tout crin ont l’air de constater que l’Université a fait sa rentrée -alors que cela fait exactement deux semaines que l’on joue aux chaises musicales dans le bâtiment D-. Joie et bonheur, ils découvrent comme tous les ans que les salles sont blindées et que personne n’est content. Se repose alors le bon vieux serpent de mer: quand faut-il sélectionner les étudiants? Et comme toute année pré-présidentielle, voilà qu’il faut flatter deux ou trois électorats distincts: les étudiants, le personnel et les possibles parents. D’où un secrétaire d’Etat qui parle de gros mots et une ministre qui noie le poisson (notons que pour cela, elle a de l’expérience).

Soyons réalistes, mes petits choux. La sélection à la fac existe, je l’ai rencontrée. Elle se fait très exactement à la fin du premier semestre, début janvier, quand il fait gris et froid (et qu’accessoirement c’est mon anniversaire). Ce jour-là, dans des amphis surchauffés, 70% des étudiants de certaines filières vont conclure douloureusement ce que souvent ils présageaient depuis des semaines: non, ils n’avaient pas les reins assez solides pour l’ambitieux programme qu’ils s’étaient fixé. Ou bien que procrastiner et se torcher tous les jeudis soirs, c’est le mal. Que les profs de fac ne sont pas des bisounours et qu’avoir le bac, cela fait un moment que cela ne veut sacrément plus rien dire (par contre, tu es effectivement vachement emmerdé quand tu ne l’as pas). Ces étudiants disparaîtront progressivement, puis massivement après que se soient tenus les premiers jurys.

En attendant, tout le monde aura perdu du temps (et l’Université de l’argent…): les profs à leur expliquer qu’ils font hélas fausse route, eux à chauffer une chaise, voire leurs camarades quand certains de ces charmants jeunes gens taperont la discute pendant le TD de Culture et Médias. En général arriveront en L2 ceux qui auraient survécu au crible d’une possible sélection: ex-lycéens de filière générale, ayant si possible gardé deux langues vivantes, sachant bien rédiger ou raisonner… et/ou ceux qui avaient un projet professionnel bien défini. Autant dire que même en bottant des culs on arrive à 50% d’échec.

Sans vouloir instaurer un grand examen d’entrée ni une sélection sur dossier minutieuse, il est assez fallacieux de prétendre que quelqu’un qui n’a plus fait de maths depuis la seconde va réussir une première année de physique, ou que quelqu’un qui a arrêté sa LV2 en 4e arrivera au bout d’une licence de droit bilingue. Et même avec ces garde-fou -qui font déjà hurler les syndicats étudiants-, le niveau n’est pas fameux -même parfois en prépa-. Cette minute fascinante où tu réalises que tu as un TD composé quasiment d’ex bacheliers généraux mais qu’une bonne partie d’entre eux n’est même pas capable de rédiger un résumé solide en français, elle existe.

Vouloir prétendre, comme l’a fait la ministre, à 60% de diplômés du supérieur dans la population active pourrait nous vendre certes du rêve, à nous les profs de fac. Imaginez donc, il y aurait de l’argent! Des postes! Nos confrères et consoeurs encore occupés sur des emplois trop peu qualifiés pour eux pourraient nous rejoindre. Mais le principe de réalité reprend le dessus: faut arrêter de nous prendre pour des lapins de trois semaines.

Je bosse dans une filière qui « fonctionne ». Comprendre, on a tellement peu de mal à la remplir qu’elle fait partie des filières dites « en tension ». Autrement dit, quand on a trop de pimpins, on peut les envoyer voir ailleurs. Parce que ça coûte cher. Nous sommes une dizaine de titulaires dans ma spécialité, nous faisons tous des heures sup -en général peu désirées. Et je passe les contractuels et autres vacataires. Nous savons tous très bien que l’affluence en L1, c’est un peu le péage de St Arnoult un mercredi soir avant l’Ascension. Autrement dit, une fois passé, y’aura moins de peuple. Serait-il moins hypocrite de choisir en amont, et ainsi que tout le monde gagne du temps? Je pense qu’il faudrait y réfléchir.

Si profondément, au lever du soleil

L’éducation nous prépare à beaucoup de choses: savoir dire non, traiter élégamment autrui de propre à rien, calculer comment vos voisins (et quelques amis) pourraient vous prendre pour un normopathe classique qui bêche son jardin et danse aux mariages, préparer des cocktails et annoncer à vos collègues, que non, cette année, vous ne prendrez pas en charge plus d’un TP d’oral en première année (rayez les mentions inutiles). Mais assez tragiquement, surtout en ces temps d’éternelle jeunesse, elle nous prépare peu à cette lente et inexorable chute des feuilles qu’est la vie passé un certain cap.

Ces instants étranges dans les derniers soubresauts de l’été -sans doute la plus belle saison sous nos hémisphères-, où dans les lueurs dansantes du bord de mer, une discussion anodine avec une amie d’enfance te rappelle à quel point tout change et tout reste. Curieusement, cette pensée nous vient rarement à quatorze ans: que nous pourrions nous trouver face à une même plage, avec les mêmes envies (sauter dans les vagues dans une danse barbare), vingt ans plus tard, avec plus de deux fois plus de souvenirs au compteur. En prendre conscience au moment précis où tu réalises que c’est peut-être la dernière des chose qui n’a pas changé en vingt ans est, au premier abord, étrangement effrayant. La deuxième surprise, c’est de considérer qu’en fait tout ce qui t’es arrivé aurait paru tellement évident à ta version d’il y a vingt ans. Même s’il y a de fortes chances que ce toi aurait trouvé ta vie actuelle conformiste et moisie (ou pas).

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C’est encore cette même sensation, alors qu’on t’annonce des décès, des naissances, des maisons que l’on vend et d’autres que l’on rénove, comme si tout s’imbriquait dans une trame déjà écrite d’avance. Ces gens que tu as connus, dont tu apprends la fin, une fin tellement cohérente avec ce qu’ils ont été, que tu te demandes si tout n’est plus que scénario.  Ce moment où tu réalises que la seule surprise dans la vie, c’est la surprise d’admettre que finalement beaucoup de choses sont logiques, pour ne pas dire statistiques. Certes, il y aura toujours de l ‘accidentel, des calamités et du hasard, mais ce hasard là semble lui aussi avoir sa logique. Chercher la logique des choses t’aide à comprendre pourquoi tu as fait telle ou telle action, où est ta faille. C’est elle qui fait avancer. C’est le moteur.

Les choses changent et pourtant elles restent cohérentes, comme si elles s’indexaient sur cette ligne d’horizon noire ou bleue, en dessus de la mer, de cette plage qui n’est pas celle de ton enfance (mais qui en même temps est tellement mieux, et tellement plus préservée). On ne peut prédire l’avenir, mais il y a des possibles, et sans doute ta vie, sauf si tu te fais écraser en sortant à vélo tout à l’heure, va en choisir un, puis un autre, puis encore un autre.

Est-ce déjà la maturité?

 

 

Page tournée (and never forget)

C’est officiel. Depuis ce matin, grâce à ce que nous pourrions qualifier de transsubstantiation administrative, j’ai définitivement quitté mon corps d’origine pour enfin être, officiellement et définitivement, membre de celui dont je voulais faire partie depuis des années. Mais comme je suis une vieille garce rancunière, j’ai choisi ce moment (où je ne risque plus grand-chose, si tant est que j’aie risqué quoi que ce soit ces dernières années) pour enfin donner mon opinion sur un sujet (peu) passionnant: la formation du personnel enseignant en France.

[L’article promet d’être chiant, tu comprendras que j’attends ce moment depuis très exactement huit ans]

Et soyons honnêtes, je ne serai pas la première -ni la dernière hélas- à tirer dessus, parce que même si c’est une ambulance, elle des putains de capacités de régen, la charogne. En bonne nostalgique de la grande époque où on lisait des vrais fragments du Quichotte en 4e, je n’en attendais foutrement pas grand-chose. Oui, j’ai une conception intellectuellement élitiste de l’école, oui, je pense qu’on doit élever les gens vers le haut et pas les flatter dans leur délectation de la sous-culture des chaînes de la TNT (qui est à la culture ce que le cordon-bleu surgelé est à la gastronomie), et oui, je suis pour le redoublement, les notes, la sélection, la reprise d’études et les passerelles. Donc évidemment, l’IUFM du milieu des années 2000 avec ses formateurs qui te disent que tu es là pour faire réussir tout le monde inconditionnellement (avec les moyens du bord, en rappelant que tu n’es pas a) psy b) addictologue c) que le collège/lycée n’est pas un CMPP, bref gros magma insoluble), ce n’était pas pour moi. On m’a légèrement reproché dès le début d’être agrégée et en thèse, sur le ton de « ben pourquoi t’as pas demandé un report de stage en attendant un poste en fac? ». Heu non, j’avais envie d’enseigner. Cruelle illusion.

Dès la première réunion, du reste, le staff formateur disciplinaire (tu as aussi les formateurs pédago, qui ont encore moins d’utilité) s’est récrié que les meilleurs profs ont fait le moins d’études possibles. Cool (leur Dieu de l’école de Lyon l’affirme quelque part, ne compte pas sur moi pour te retrouver son assertion, qu’il n’appuie évidemment d’aucune statistique…). Très vite, ils ont donc montré que leurs chouchous étaient grosso-modo les certifiés qui avaient eu leur concours (parfois assez laborieusement…) juste après la licence (je vous parle d’avant la mastérisation, bien entendu) et qui, bien souvent, ne brillaient pas par leur originalité (voire n’avaient jamais mis un pied dans un pays parlant la langue enseignée, ou si peu…). Et évidemment, les « anciens bons élèves » (comprendre, les agrégés, les titulaires d’un bac +4 ou 5 et les gens qui avaient eu une autre carrière) en prenaient plein la gueule, parce qu’ils avaient des « réflexes d’anciens bons élèves qui ne permettent pas de faire réussir le plus grand nombre ». J’aurai dû les enregistrer. (cela dit, des agrégés odieux et quelque peu arrogants existent, et ils font des dégâts même à la fac)

Quoi qu’il en soit, ce genre de conseil est vachement utile quand tu as une classe de mecs sport-étude qui font des paris sur celui qui montrera son boule en classe ou quand un bon élève, fils de médecin, arrive pour la énième fois défoncé à ton cours (je précise, si ce n’est clair, que je bossais dans un lycée bourgeois de centre-ville). Je passe sur les conseils contradictoires, sur la différenciation pédagogique qui était leur mantra mais qui, concrètement, est presque impossible à mettre en oeuvre, sur les dépressions des collègues stagiaires, sur les titulaires senior qui viennent te voir et te donnent des conseils (mais tu diras pas à ton tuteur, hein, c’est pas iufm-approved), conseils, qui ô miracle, fonctionnent et te font comprendre que non, tu n’es pas nul.

C’est une sacrée année de merde. Je n’en parle pas au passé, puisqu’après la réforme de la masterisation (qui était une mauvaise idée en soi, mais qui aurait pu aboutir), same player shoot again avec les ESPE. Vu que les mêmes sont en place et que, contrairement à ce qu’ils nous demandaient (être en constant aggiornamiento, un peu comme les conseils d’éducation positive, TIENS ET SI C’ETAIT LES MEMES?), eux n’étaient pas du genre à se remettre en question, en même temps trop fastoche quand on n’a que des terminales en petit groupe (et pas les STT/STG/STMG, whatever), et les histoires que me racontent des amis passés par là il n’y a pas si longtemps, pas grand chose n’a changé.

Clairement, le seul maillon de la chaîne qui fonctionne, quand il fonctionne, c’est le tuteur. J’en ai croisé des super, j’en ai même qui sont des collègues géniaux. Malheureusement, j’ai aussi des connaissances qui se sont fait larguer, défoncer, oublier tout simplement par le leur. Mais l’avantage c’est qu’ils sont au contact des mêmes élèves que leur stagiaire, qu’ils connaissent leur établissement, qu’ils sont plus ouverts au dialogue.

Le reste est juste useless. Faire des cours de 3h sur l’évaluation, pour finalement conclure que « ben l’évaluation classe et stresse et donc il faut tout valoriser », sehr gut. Ayant déjà été vacataire avant mon année de stage, j’avais déjà un barème que m’avait filé une collègue plus âgée. Un barème assez hardcore. Je m’en sers toujours en fac. Il n’est peut être pas bienveillant, mais l’étudiant sait à quoi s’en tenir sur son travail. Faire des cours sur « préparer un voyage scolaire », wtf? Si jamais tu as le malheur d’être dans un établissement qui en fait, tu auras toujours un collègue plus âgé qui te chapeautera (je parle du voyage en Espagne/Angleterre où tu finis par récupérer un élève en coma éthylique, deux au poste pour avoir volé chez Harrod’s et où tu dois botter des culs à l’arrêt-pipi de Miranda de Duero parce que Këlyannah et Jhordann étaient en train de forniquer à l’arrière du bus).

Je ne regrette absolument pas mon passage dans le secondaire. J’ai survécu, ça me fait des expériences marrantes à raconter sur les sport-études les plus vulgaires de la Terre (quoi qu’après ceux du lycée de ma petite cousine se sont avérés être pires), et si je n’étais pas allée me planquer en fac l’année suivante (pour ne plus jamais en sortir), j’aurai fait ma rentrée en lycée (ou en collège) comme tout le monde (en râlant certainement si collège, quoi que celui de mon stage, qui était un collège de ZEP d’ailleurs, était super). Mais j’en ai gardé quelque colère: tu sors d’un concours long, dur et difficile et tu passes une année à te faire répéter que tu es nul(le) parce que tu es brillant(e). Que de toutes manières tu ne seras pas titularisé(e) parce que les élitistes dans ton genre, on n’en a pas besoin (« La république n’a pas besoin de savants », le retour?). Tu es un prof de merde, les snobs comme toi sont toujours des profs de merde. D’ailleurs c’est un peu ce qu’on m’a dit dans la seule (et dernière) inspection de ma vie.

Je suis partie à la fac. J’ai survécu. Après huit rentrées dans différents établissements et une titularisation, je crois que je fais l’affaire. Mais c’est dur de faire sauter un complexe d’imposteur une fois qu’il a été mis là. J’ai flippé en attendant l’arrêté de titularisation, alors que pour ma chef, cela allait de soi (jusqu’à ce que je lui dise pourquoi, et alors, fort étrangement, cela lui a rappelé une situation similaire, arrivée récemment à un proche). Bref, on va dire que les dommages ont été limités. La plupart des gens qui s’en sont pris plein la gueule en même temps que moi a survécu (j’en ai croisé un certain nombre à un mariage il y a quelque temps, et la plupart est resté à l’EN, comme quoi…). Mais régulièrement, ce genre d’histoire ressurgit. Avec ou sans fin heureuse: démission provoquée ou non, harcèlement, licenciements …

Tout cela pour dire que quand j’entends pleurnicher à la radio sur le déficit en enseignants dans le secondaire, j’ai des envies d’entartage. Quand j’entends le responsable d’un syndicat (certes minoritaire, mais fort lèche-bottes) dire qu’il ne faut pas critiquer l’ESPE sous peine de faire le jeu de la droite, je ne peux pas me retenir de rigoler.

Quelles solutions? Je ne sais trop. Peut-être renforcer le rôle des tuteurs, et lancer un audit sur les formateurs, en prenant en compte tout signalement pour harcèlement. Arrêter de faire des réformes tape-à-l’oeil tous les quatre matins (même si j’espère que la droite ne passera pas l’an prochain, j’ai hâte de voir ce qu’il adviendra de la réforme du collège et de ses sous-cases ronflantes si jamais le nouveau gouvernement décide d’envoyer le dossier au hachoir… voire pour proposer pire), et franchement laisser  une plus grande liberté aux enseignants.

Parce que, depuis mon poste en fac, je ne m’en fous pas. Parce qu’un jour les élèves de ces profs seront mes étudiants.

De l’attachement

Alors que le cadavre des vacances est encore doucement tiède, arrive lentement le moment attendu entre tous: la rentrée. J’ai envie de dire: pas trop tôt, les vacances, ça commençait à devenir usant (et comme me revoilà habitant en bord de mer, j’ai envie de dire que cela ne m’empêchera pas d’aller à la plage…), et l’idée de retrouver ma boîte (suspense: aurai-je enfin ce fucking bureau, c’est bien la peine d’avoir enfin un poste fixe si je ne peux pas accrocher mon affiche de la Loi du Désir) m’émeut au plus haut point.

Mais juste avant, j’ai une mission : déposer mon enfant à la maternelle pour la première fois. Autant te dire, cher petit foutriquet, que j’attends la chose non sans une certaine impatience, me frottant les mains en me demandant au bout de combien de temps la chair de ma chair dira à ses petits camarades tout le bien que je pense de Frozen et de son rituel homoérotique et incestueux (si toi aussi tu veux défoncer les dessins animés idoles des jeunes, fais comme moi, utilise des termes choisis) : autant te dire qu’elle verra Queen Kelly  (ou même la Loi du Désir)avant que ce machin passe sur un des écrans de ma maison.

Autrement dit, jamais. Ou tardivement.

La rentrée ne me colle aucune appréhension en elle-même: je me dois même de remercier vigipirate renforcé +++, je n’aurai pas à rentrer dans l’établissement (que j’ai déjà visité, je te rassure) et à me farcir la célèbre diatribe de l’éternelle mère Maiasaura, qui est partout et qui croit que la maternité parfaite, c’est coller son gamin (quand il aura 18 ans et partira à la fac/l’Armée/l’usine elle fera une dépression).

En général, cette délicate créature s’est regonflée à bloc avec ses semblables sur les forums dédiés à son espèce quelques jours avant, histoire de; de leur cogitation surgissent deux mantras : « quand même trois ans c’est trop petit » et  » c’est un jour supeeeer important pour moi, parce que je voudrais devenir une petite souris et y voir ce qu’il s’y passe tous les jours ». Les deux convergent vers un seul même point: « oui, mon môme est démoulé depuis trois ans et je suis pas encore cap de faire autre chose de ma vie ».

Je n’aurais pas grand chose contre Maiasaura, après tout chacun fait ce qu’il veut de son postérieur. Mais le souci, c’est que ce type de créature se croit définitivement soit  mainstream (et dans ce cas tout le monde est comme elle), soit a lu sur un site quelconque (mais adroit à la culpabilisation des parents, et surtout des mères) que le petit enfant devrait rester collé à sa môman jusqu’à cinq ans. Dans les deux cas de figure, tu prieras très fort Cthulhu, le monstre en Spaghetti géant ou le dieu du coup de pied au cul que ta progéniture ne devienne pas amie avec le fruit de son utérus. Quoique, elle pourrait lui apprendre des mots que Maiasaura sera obligée de chercher dans le dictionnaire, et ça, ça n’a pas de prix. (ou alors elle te requestera en amie FB)

Soyons honnêtes: merci vigipirate, tu vas me faire gagner une matinée.

Les capucines, les buddléias et moi

S’il y a un truc proprement effrayant dans l’absence d’activité humaine, c’est la rapidité avec laquelle la végétation recouvre tout. N’importe quel fanatique de ruin-porn ou agent immobilier vous le dira. Si ce blog avait eu une quelconque apparence physique, dieu sait qu’à l’heure actuelle, les capucines et les liserons auraient certainement absorbé la façade et des buddléias violets pousseraient ostensiblement dans l’allée.

Heureusement, cet endroit est purement numérique et il n’est point nécessaire de sortir la machette, la tondeuse, le sécateur ou les cisailles. Pas comme mon jardin.

Comme il devenait évident qu’ayant eu un poste, un vrai, c’était idiot de rester à moisir en région parisienne où, de toutes manières, pour sortir il fallait au préalable se débarrasser de l’enfant et où tout coûtait un bras, nous avons bougé. Mon mari a demandé sa mut’, nous avons visité trois maisons, la troisième a fait l’affaire et zou! nous voilà devant la notaire le délai légal écoulé. Une grosse maison. Il faut bien que déménager en Paysannie ait des avantages. Avec un grand jardin. C’est toujours utile pour cultiver des tomates.

Ne nous mentons pas, le jardin est chouette. Les anciens propriétaires en ont pris soin et ont planté des tas  de trucs qui sont parfaitement adaptés au climat humide, frais et venteux du littoral du Nord-Ouest de la France (quelque part en dessous de la Normandie quoi). Dans un souci de bien faire, ils ont néanmoins planté deux trucs, certes jolis à voir mais horriblement invasif: des capucines et, je suppose au début, un buddléia.

Les deux ont tellement proliféré dans le jardin que depuis cinq mois nous nous livrons une guerre sans merci. Eux me rappellent la brutalité de la nature: ôte-toi de là que je m’y mette, la lumière c’est pour moi. Franchement, quand je vois les progrès que peut faire un plan de capucine en quelques jours, je me dis que les végans bisounours n’ont rien compris au côté féroce du monde végétal (ou tout compris: puisque c’est méchant, mangeons-en). Même le lierre ne donne pas autant de fil à retordre.

Coucou les humains, je vais finir par vous dévorer, mais chut! c'est secret
Coucou les humains, je vais finir par vous dévorer, mais chut! c’est secret

La bonne nouvelle, c’est que j’aime bien le jardinage et arracher des plantes. La mauvaise, c’est que je ne pensais pas que les sept buddléias du jardin et les tonnes de capucines allaient me donner autant de fil à retordre. Entendons-nous bien: je n’avais pas l’intention de les éradiquer: les buddléias c’est joli, les insectes aiment s’y poser, et les capucines éloignent (d’ailleurs très bien) les pucerons tout en habillant les zones où tu as la flemme de planter un truc immédiatement. Et sur un grand jardin, crois-moi, il y en a toujours. Bref je pensais confiner les deux dans leur coin, mais force est de constater que les deux veulent l’exclusive sur TOUT le jardin. J’ai parfois l’impression de me retrouver avec deux blogueuses mode en mode attention whore. Les saligauds savent plus que mon petit coeur tout mou m’interdit d’utiliser des pesticides, d’abord parce que le remède serait pire que le mal, ensuite parce que tant qu’à faire de chopper le cancer, autant le faire en fumant le cigare.

Comme nous voilà amenés à cohabiter (bon aspects: pas de pucerons dans les tomates, c’est tout de même agréable…), j’ai pensé à les employer comme des ressources (ce qui est peut être la pire insulte à leur dignité). Pour le buddléia, c’est facile: régulièrement l’un d’eux se fait déraciner par le vent, je le débite et j’attends avec impatience les premiers froids (il faisait 23°C jeudi alors que le reste de la France se carbonisait, hé hé hé, comme quoi ne pas avoir de poste dans le Sud-Ouest finit par avoir ses avantages) pour le cramer dans ma cheminée. De toutes manières le dernier en date à avoir subi ce sort a repoppé en moins d’un mois.

Pour les capucines j’ai pensé à plusieurs trucs:

  • Soyons écolos, le jour où la chaudière à fioul rend l’âme, ça pourrait être un bon combustible vu la vitesse où ça pousse. Limite je devrais pousser mon mari à prendre la retraite de son administration au plus vite pour plancher dessus. Y’a peut être moyen de gagner le concours Lépine (en plus, je ne suis pas certaine que mon jardin soit le seul impacté). De même, pourrait-on faire rouler la voiture avec? Ce serait rudement bath.
  • Vu qu’elles ne sont pas comestibles, en faire de la confiture et la garder pour les usagers casse-bonbons qu’on ne manque pas d’avoir à mon boulot, certes peu nombreux mais parfois fort irritants (ceux qui viennent en jogging en cours et parlent foot avec leurs potes au lieu de préparer leur exo de compréhension orale par exemple). Leur proposer de l’ingérer, ça leur coupera sûrement le sifflet une heure ou deux.
  • En planter sur le gros étudiant mou qui ne manque pas de roupiller au fond de la classe après sa énième soirée trop arrosée. Le regarder se faire recouvrir. Applaudir.
  • En flanquer dans le jardin d’un normopathe. Encore qu’il est capable de faire comme ma voisine, d’avoir un jardin parfaitement harmonieux grâce à Saint R***p.

Il y a certainement d’autres possibilités. La lutte continue!

(Sinon, pourquoi ce retour aussi tardif? Plein de raisons. Il faudrait en reparler en détail mais parler de ma personne n’est pas hyper intéressant en ce moment: tout va bien. Je recommence juste à avoir du temps pour moi. Bref, je risque de revenir bientôt. Peut-être même assez souvent.)

C’est le métier qui est rentré

Y’a un jour pour meurer et y’a un jour pour rénérecter. Je sais plus où je t’ai laissé, le lecteur, sûrement tout le monde devait encore vaguement être Charlie à cette période, je rêvais d’aller m’enterrer quelque part dans le Sud Ouest et j’étais persuadée que j’allais devoir repasser des concours pour devenir patronne de bordel. Bon bah, si tu t’es pas enfui, me revoilà. Pour quoi et pour combien de temps, je ne sais pas. Vois-tu, j’ai un vrai travail, maintenant: il faudra donc que je fasse quelque chose de toute l’énergie que j’investissais à me préparer moralement au concours de tenancière de rade.

Ce matin, j’ai enfin commencé sur mon premier vrai poste. Celui qu’on ne me prendra probablement jamais. Celui où je peux gentiment me projeter et faire ce que je veux. Celui où j’ai le badge pour tout en fait -c’est un peu con, on dirait le patron de The Appartment promettant à son sous-fifre la clé des chiottes des cadres. Je peux même me garer quasiment sous mon bureau, c’est le début de la décadence. J’ai pas encore accès au grand bureau des chefs, mais j’y compte bien d’ici quelques temps.

Dix ans pour en arriver là quand même. Je crois que je ne suis plus une débutante -il faut arrêter de croire qu’une vraie formation est dispensée quelque part en France, tout le monde apprend sur le tas-, parce que ce matin, j’ai décidé que je me culpabiliserais pas si je perdais contre le photocopieur (cet engin satanique) qui avait le culot de m’annoncer un bourrage alors qu’il ne me restait plus que deux documents à copier. Preuve que le métier rentre, j’ai gagné -et sans me mettre du toner partout sur les doigts-. On m’avait prédit une bonne douzaine de raz de marée parce que j’ai quasiment le même groupe 4h d’affilée. Pour l’instant, ça marche. Je ne sais pas si ça marchera encore dans deux semaines, mais life is long.

Ce n’est pas encore le boulot de mes rêves -pour ça il va encore falloir bosser- mais une fois dans la place, avec tout le tintouin officiel, cela va quand même mieux. J’ai envie de dire aux petits jeunes (et encore plus, aux petites jeunes), qui se retrouvent avec les mêmes hésitations que moi il y a quelques années, en fin de thèse ou en post-thèse: battez vous bordel, ne laissez jamais des cornichons confits dans leur jus vous dire que vous êtes élitiste, que vous allez vous faire virer et que de toutes manières, voici encore une thèse inutile financée par le contribuable. Que si vous êtes une nana, cela nuira à votre vie de famille -bizarre, on ne dit jamais ça aux mecs qui s’engagent dans les sous-marins, ou si peu-. Le poste, des fois, il sera bien caché et ce sera sans doute celui auquel vous vous attendez le moins. Mais vous l’aurez. Et vous serez tranquille.

Ce jour-là, probablement que le copieur capitulera directement et que vous aurez plein de place pour vous garer.

PS: un jour, la connasse aigrie que je suis fera un bestof de la crétinitude. Patience.

Poissonnière

Exposons les faits.
Je suis une femme.
J’ai 33 ans.
Je vais souvent travailler habillée sexy, avec talons, jupe, rope ou pantalon moulant (sinon, c’est juste que je suis fatiguée et que quand je suis fatiguée je veux juste être à l’aise).

J’habite en bordure de ce qu’il est convenu d’appeler un quartier populaire.

Je prends souvent les transports en commun aux heures de pointe.

Je bosse dans une fac que l’on peut qualifier de populaire.

Il m’arrive de rentrer tard du travail et non, mon mari ne vient pas me chercher à la gare RER.

….

La dernière fois que je me suis faite emmerder, ma fille avait deux mois, il était trois heures de l’après-midi et je revenais d’un rendez-vous PMI. Note à crétins: ne jamais enquiquiner une femme qui allaite, c’est pas parce qu’elle a une poussette et qu’elle porte une robe Desigual qu’elle va se terrer chez elle et ressortir avec un fut taille mammouth.

Les mecs en question étaient des petits merdeux, je leur ai gueulé de retourner voir leur mère, histoire de voir ce qu’elle en pensait. Ah, et aussi bien le bonjour à leur copine la chaussette droite. Je crois même que j’ai eu le temps d’hurler: « vous ferez peut-être bien de la mettre au sale et de passer à la gauche, elle sent la jute gâchée jusqu’ici » (je n’ai pas employé foutre, je n’étais pas d’humeur à les instruire).

Quelque part, donc, oui, il y a des gros lourds, mais ils ne sont pas omniprésents. J’ignore si ceux-ci ont suivi mon sage conseil. Je dois faire peur à tous les autres, et c’est dommage, parce qu’en bonne poissonnière, j’aurais tout un tas de choses sympas à leur dire, un peu comme la fois où j’ai choppé des potes célib et en chien de MonMari en train de discuter sur les droits des femmes. Comme c’était des potes et que je suis une dame, je me suis retenue de leur dire de s’occuper des droits de leur rouleau de sop’ et de leurs problèmes avec leur maman. Mais la prochaine fois, je me ferai un plaisir de leur rappeler que si y’avait pas leur main droite, y’a longtemps que leur slip aurait explosé.

Oui, nous vivons dans une société sexiste, mais les nanas aussi sommes responsables de cet état de fait. En refusant de nous affirmer, en étant des connasses, en évitant de mordre. En éduquant nos fils comme des petits cons et en disant à nos filles que non, elles ne feront pas de skate, c’est trop dangereux. Que oui, s’assumer en jupe dans le métro, c’est facile et que mettre une main dans la gueule du garçon qui te montre ses parties dans la cour, ça soulage et ça vaut même le coup d’être punie. Qu’être une poissonnière prête à cracher son sépia verbal, quelque part ça soulage et, soyons fous, le faquin ne retentera pas son offensive de sitôt.

On va quand même pas payer pour des têtes de fion qui vivent en ménage avec leurs chaussettes et dont la mère était une putain de grosse connasse, bordel de foutredieu.

(et sinon il se passe des tas de choses plus intéressantes, hein)

(et un jour faudra que je fasse un sort à tous ceux qui confondent érotisme/pornographie/sexualités alternatives/machisme)

Pensez-y bien, m’sieur Jacob Schmidt

(je le mets pas en allemand, ce serait du sadisme pur et là je suis en mode mignonne ce matin)

Alors que je me divertis avec des copies délicieuses à base de « Benito Juarez a fait interdire le port du pancho au Mexique » (c’est un drôle de nom pour l’habit religieux, mais passons) en écoutant le Chant des forêts version hardcore soviet, je réalise à quel point j’ai une mauvaise conscience galopante. Mais c’est certainement dû à l’éducation que j’ai reçue quelque part, merci maman.

Partout les gens se répandent en complaintes sur que leur papa leur avait pas dit ce qu’une journée de travail représentait ou que leur maman leur avait caché ce qu’une cohorte de moutards, mis dans la même pièce qu’un canapé, faisait comme dégât. Je dois remercier mes parents: mon papa m’a appris que quand tu es chercheur, tu l’es même en vacances sur une plage, là où l’expert comptable ne fait que se griller le fondement; ma maman m’a appris que les gosses ça couine, que la contraception c’est le bien et que lâcher du lest sur certains trucs, ça permet d’en faire d’autres qui comptent vraiment (ce qui ne l’empêche pas de faire comprendre à mon mari qu’il nettoie mal les sols). Tout cela vient peut être du fait que ma mémé ne m’a jamais caché que Blanchette se faisait dévorer par le loup, ou que « t’as ouvert ce biscuit, tu le manges »‘ (et feu mon pépé aurait même ajouté « de toutes manières, que tu le manges ou que tu le jettes, ça finira au même endroit »).

Tout ça pour dire que la fainéante que je suis (enfin, sauf pour le boulot et quand je fais la cuisine) a décidé d’appliquer ça cet après-midi, où elle a innocemment invité un petit camarade de l’héritière (je déteste ces mercredis où la crèche est fermée l’après-midi). Que je range précisément tous les jouets dans la bonne caisse de manière précise afin que ma fille fasse tranquillement sa minute Montessori (jusqu’à maintenant, ce sont plutôt les clous et les outils de son père qui l’intéressent pour ce genre de pratique, allô la MPT?) ou que je bazarde tout en vrac dans des cageots, mon appart ressemblera à Beyrouth+Sarajevo après six heures de moutardage (et ça, de toutes manières, sans la présence du petit camarade). Donc, pourquoi m’emmerder? Je veux dire, ma fille est déjà en avance, elle sait se servir toute seule dans le frigo, elle est presque propre et est capable de faire dix mètres avec un ballon sous le bras (mais l’équipe de rugby locale ne prend pas avant cinq ans, snif). Et cela, à même pas deux ans. Ok, elle est chiante comme la mort, mais je ne pense pas que ranger ses voitures séparées de ses Duplo changera quoi que ce soit.

De toutes façons, plus je réfléchis, et plus je raisonne comme la Jenny de Mahagonny: ma maman m’avait prévenue, j’essaie de ne pas tomber dans certaines ornières. Chez nous, c’est un peu ça de mère en fille: mon arrière-grand-mère ne voulait pas autant d’enfants (sur les 9, elle n’en désirait que 3), du coup ma grand-mère n’en a fait que 3, ma grand-mère n’a pas réussi à avoir de carrière, du coup elle a reporté sur ma mère, ma mère n’a pas eu de carrière stable, du coup je me retrouve vénéneuse servante de l’Etat avec ordre implicite de ne lâcher mon taf qu’en cas de meilleure proposition. Je ne sais pas encore ce qu’implicitement (ou explicitement) je transmettrai à la mienne, sinon peut-être de ne jamais se faire bouffer, que life’s so short and time so brief, que passé vingt ans tout est une question de choix.

De choix et de temps. Tout bouffe du temps passé un certain stade, un peu comme si tu étais dans une épreuve contre la montre. Personne ne peut être parfait dans ce jeu àlacon, comme dirait Genette, pile tu perds, face il gagne. Il faut savoir ce que tu comptes en faire, et comment. Et lâcher sur ce qui n’est pas important. Des fois, il vaut mieux picoler avec tes potes et dire du mal des gens, et servir un cours de grammaire le lendemain à tes étudiants: de toutes manières, le temps que certains maîtrisent correctement les prépositions, tu peux le ressortir de la seconde au master 2 (oui, oui, y’a encore des M2 qui te sortent « estás a tu casa »). Des fois, il vaut mieux laisser ton gosse à la crèche (si, bien sûr, tu as une crèche super comme la mienne) et aller te promener avec des copines. Des fois, il vaut mieux prendre trois jours pour être avec ton gosse que t’emmerder à passer le weekend à nettoyer chez toi.

Et puis chacun ses choix, hein. Si tu préfères que ta cuisine soit immaculée et cuisiner du Picard, je ne te jetterai point la pierre. Chacun se déleste sur les postes qu’il peut. Si tu veux laisser ton taf parce que tu suspectes le personnel de la crèche d’utiliser de la violence symbolique avec ton nain (personnellement, je suis très contente de l’invention du coin et de la chaise bleue), c’est ton problème. Moi, j’ai tranché: ma participation aux tâches ménagères se borne à la lessive, à l’aspirateur et à la cuisine. En échange, je fais la paperasse. Et je me doterai du spare quand j’aurai au moins un an dans un vrai poste, que l’héritière sera à la maternelle et que j’aurai publié ma thèse en bonne et due forme. Si jamais l’envie prenait mon mari d’en avoir un troisième (on sait jamais, c’était son phantasme), il n’a qu’à attendre sa retraite et s’en occuper, j’aurai toujours un quart de siècle de moins que l’allemande à quadruplés (brrrr). C’est vraiment comme si j’avais hâte en plus.

Je suis peut-être une Jenny Smith de la vie familiale, et ce soir chez moi ce sera Dresde, mais au moins j’assume.

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Toi aussi, découvre si tu vis avec un métrosexuel

On est pas mercreday mais on va pas non plus faire nos princesses: ce genre d’info est capital, messieurs-dames. Déjà qu’il fait un temps abominablement gris et qu’on peut bénir la grève à Radio France dans le sens où, en ce moment, il ne tombe que des infos particulièrement nazes, tragiques ou agaçantes, vous reprendrez bien du test futile? (bon, j’avais aussi écrit une nouvelle sado-maso mais celle-là je la garde encore au chaud)

Voyons voir plutôt si votre cher et tendre, messieurs-dames (ou bien vous même si vous êtes un monsieur affligé d’une dame, nobody’s perfect) est du genre à se taper dessus avec trois autres individus dans so, genre pour un slip Calvin Klein le premier mercredi de janvier, ou  à avoir une longue et douloureuse discussion à la machine à café sur les qualités respectives des marcels américains et français? Ou bien rien de tout ça, c’est maman-chéri-bobonne (rayez la mention inutile) qui se charge de la basse besogne? Et le reste, c’est pour les ducons?

Allez, ne soyez pas timides. Et comptez bien les points.

1. Premier matin des soldes.  Votre mâle à vous, il se trouve…

a) A son bureau, faut pas déc’ non plus. (0 points)

b) En train de se battre pour remonter la foule devant les Galeries Laf’, histoire de récupérer un ou deux calcifs avant d’aller bosser. (10 points)

c) Déjà dans la place. Et il a posé son mercredi, le gibier froid, c’est bon pour les gros. (15 pts)

2. Vous lui achetez des vêtements…

a) Jamais, ou après envoi d’xmille photos et uniquement de marques qu’il connaît bien. Sinon le machin risque de finir en pyjama. (15 pts)

b) Toujours, même si vous détestez, il ne va pas non plus dépenser son précieux temps. (0 pts)

c) Parfois. Et quand il n’aime pas, il vous le refile. Bien fait. (10 pts)

3. A la machine à café, il arrive le plus fréquemment…

1. Que son chef et lui établissent un planning de qui vient en Desigual à telle réunion. (15 pts)

2. Qu’il échange des adresses de teinturiers avec son chef. (10 pts)

3. Qu’ils parlent de tuning. (0 pts)

4. Un village avec plein d’outlets, c’est…

a)  » Un gros truc de gonzesses, moi je reste dans la voiture hein » (0 pts)

b) L’endroit où ta carte bleue trépasse (15 pts)

c) « C’était une excellente idée finalement de ne pas faire les soldes à Paris » (10 pts)

5. A l’entendre, le problème de la lingerie masculine, c’est que…

a) Elle est de mauvaise qualité (10 pts)

b) Elle est moche (15 pts)

c) Faut la remplacer tous les deux ans. (0 pts)

6. Fait-il un boulot où…

a) Il faut porter un uniforme (cuistot, steward, contrôleur, musicien, militaire, juge, flic, j’en passe)? (15 pts)

b) Une tenue correcte est, en théorie exigée (prof, commercial, vendeur de portables, mac et autres) (10 pts)

c) OSEF la profession, hein, de toutes façons c’est plus reposant de pas avoir à choisir. (0 pts)

7. La crème hydratante sur le visage…

a) « Oh ça va, je suis pas un putain de cupcake » (0 points)

b) Vous faites pot commun depuis que vous vivez ensemble (10 pts)

c) Il a la sienne et dieu sait qu’il ne partage pas.

8. Qui a le plus gros sac de toilette quand vous partez?

a) Lui (rasoir, tondeuse, différentes pinces à épiler et autres joujoux) (15 pts)

b) Vous (y’a pas de raisons de se laisser aller) (0 pts)

c) Encore une fois, vous partagez (10 pts)

9. Le cadeau idéal pour Noël…

a) Une écharpe en soie et un soin à l’ylang-ylang (10 pts)

b) Malheureux (se), surtout, le laisser choisir. Sinon, c’est le drame. (15 pts)

c) Des slips. Joignons l’utile à l’agréable. Evitez les slips bonbons ou Hello Kitty quand même. (0 pts)

10. Le magasin parfait pour lui…

a) Là où le vendeur devine directement sa taille sans qu’il ne pose son manteau (15 pts)

b) Celui où il peut passer des heures à vous demander quelle cravate vous préférez (10 pts)

c) Là où c’est rapide et pas cher, il a d’autre choses à faire, que diantre.

Question subsidiaire:

Vous voyez ceci au supermarché, à côté du rayon charcuterie. Que dira votre homme?

Oui, j'ai vraiment vu ça dans un supermarché. Même que mon mari a hésité à en ramener pour en faire offrande à ses potes.
Oui, j’ai vraiment vu ça dans un supermarché. Même que mon mari a hésité à en ramener pour en faire offrande à ses potes.

a) « Tiens, une panoplie pour attraper les minettes! »

b) « Quelle abomination »

c) « Est-ce que tu crois que ça m’irait bien? »

Après avoir compté les points, voyez à quelle catégorie votre cher et tendre appartient:

Entre 0 et 45 pts: votre mec est roots, une force de la nature, pas très intéressé par les finasseries des parisiens. Félicitations, vous n’avez pas récupéré un petit marquis. Pour peu que vous achetiez tout par correspondance et soyez peu inquiet(e) sur l’état de votre peau, tout va bien dans le meilleur des mondes possibles. Si par contre vous êtes un(e) fashionista, on dira que vous avez besoin d’un fort dépaysement. Ou que vous adorez choisir les slips d’autrui et le culpabiliser à coup d’anti-rides.

Entre 45 et 100 pts: vous avez récupéré un métrosexuel modéré, l’espèce la plus répandue aujourd’hui. C’est un soulagement que d’être avec quelqu’un qui achète ses vêtements lui-même, et qui reconnaît que parfois l’autre aime bien une barbe bien taillée ou un SIF correctement épilé. C’est également relativement agréable pour le porte monnaie, dans le sens où le monsieur dépensera judicieusement et commentera ses achats. Par contre, à la longue, sa retenue peut paraître un peu monotone. Voyez-le comme une de ses vertus.

A plus de 100 pts, le gus est très clairement the ultimate king of metrosexuals. A ce train-là, il est possible qu’il vous fasse des cours sur les soins des mains ou vous achète vos vêtements. Pire, on en voit qui boudent parce que le traversin n’est pas exactement assorti à la descente de lit. En plus, il a intérêt à avoir un bon salaire, parce qu’il coûte cher et que ses petites escapades dans les magasins frontaliers ont tout d’une partie de chasse. Mais faut avouer qu’il est tellement mignon quand il est en Desigual de la tête aux pieds.

En ce qui concerne la dernière question, si vous avez répondu a) ou b), pas de souci. Par contre, si vous avez répondu C, il est probable qu’en plus de la catégorie énoncée ci-dessus, votre monsieur soit en sus une grosse PAG. Eh oui, ça arrive dans les meilleures familles.

Interdisciplinarité mon oeil

(les gens, je vous avais fait un beau petit test pour savoir si votre monsieur était métrosexuel, qui devait sortir un mercredi passé. Mais le combo satanique Junior le chat+la nouvelle version de WP l’a bouffé. Désolay, ce sera donc pour la semaine prochaine si tout va bien. En attendant, puisque c’est jeuday, j’ai envie d’entartay -plein de trucs en fait, mais je me limiterai à- la réforme du collège)

S’il est un truc sur lequel on est tous d’accord, c’est qu’un peu partout dans le monde, les années du premier secondaire (autrement dit le collège pour nous les français), ça craint grave du boudin. Quand t’y es, t’as qu’une envie, c’est de te barrer. Quand tu as le malheur d’y enseigner, tu fais des dettes chez Séphora pour oublier (et, ce, quelque soit ton sexe, on dirait). Ok, j’exagère. J’exagère même grave. J’ai un peu bossé dans une boîte de ZEP et ce n’est même pas ma pire expérience professionnelle, très loin de là. C’était même très très sympa en fait.

Donc, reprenons. Le collège pourrait clairement être mieux. Je suis assez d’accord sur ce premier postulat. Surtout depuis qu’on a allégé les programmes, simplifié les textes et fait du n’importe quoi au niveau disciplinaire, force est de constater que les élèves s’emmerdent en cours.  Mais bordayl, la réforme, là, elle n’est ni faite ni à faire.

Je pense que depuis la semaine où elle a été pondue et où je me suis payé une bonne rigolade devant ma salade du chef dans une brasserie de grande chaîne (les seules où tu peux lâcher ton gosse tranquilles, snif, même que je lisais ça pendant que MonMari courait après l’enfant), tout le monde a disséqué cette usine GDF en s’offusquant à mort, les professeurs de lettres classiques en premier lieu. A très juste titre, d’ailleurs.

En tant que modeste professeur de langue étrangère, il y a quand même deux points qui attirent légèrement mon hilarité.

1/ La 2e langue depuis la 5e,  qui visiblement pompera sur les heures de quelques autre matière, laquelle je ne sais, sûrement le français, les maths ou l’histoire (parce que les pauv’ptiots faut pas les surcharger…). Si, en tant que parent bilingue, je ne suis pas contre commencer très tôt l’apprentissage d’une deuxième langue (d’ailleurs, d’une certaine manière, j’ai déjà commencé avec ma fille, il est d’ailleurs fort probable que lors d’un prochain séjour mexicain elle accueille les gens en mode « ¿cómo te fue, pinche güey? »), je reste persuadée qu’apprendre celle-ci dans les moindres détails prend du temps et qu’il convient de ne pas en débuter plusieurs à la fois. Et que si on voulait commencer la première langue au primaire, il faudrait des professeurs vraiment formés à cette langue et plusieurs enseignements dans cette même langue (qui n’est pas nécessairement l’anglais). Je ne dis pas que c’est impossible (je pense que ma fille sera bilingue largement avant la 6e), je dis juste qu’il faudra y mettre le prix, tant au niveau des effectifs que des formations. O wait, la criiiiiiiiiise.

2/ Les projets interdisciplinaires. Actuellement, y’a rien de moins interdisciplinaire qu’un prof français. Je sais, ça a été testé dans des collèges déjà, gnagnagna. Mais quand je lis « le prof de langue et le prof de maths pourront faire des projets ensemble », je trouve ça presque aussi marrant que l’épisode de Al Fresco où Marcial va à la ville et trouve que la Puerta del Sol est plus petite en vrai qu’à la télé. Déjà, en général, les profs de langue passent leur temps à répéter qu’ils sont des vrais littéraires (alors que beaucoup le sont autant que je suis danseuse nue sur la rade à Toulon), raison pour laquelle ils ont arrêté les maths en seconde. En sus, ils ont tendance à être nuls dans toutes les langues qu’ils n’enseignent pas (et/ou à mépriser les collègues). J’imagine, non sans un certain plaisir sadique, le bordel que cela causera peut être dans certaines boîtes.

En attendant, si jamais Dame Fortune avait l’outrecuidance de m’y envoyer dans les années à venir, j’ai déjà quelques propositions pour les collègues:

1/ Avec le prof de bio: calculer la taille actuelle de la barbe de Frida Kahlo. J’ai rien contre Kahlo, j’en ai juste marre d’avoir 15000 pages des manuels sur sa vie. Ouais, je sais, elle s’acceptait elle gnagnagna. Mais j’en ai ras-le-cul des exposés sur sa personne juste parce que les étudiants n’ont pas entendu parler d’autres peintres. Là, on aurait une activité ludique et démystificatrice, et en plus on se marrerait. Si vous avez fini à l’avance, calculez dans combien de temps la barbe en question aura recouvert toute la Terre, et l’effet sur le réchauffement climatique.

2/ Avec le prof d’Histoire et le prof de physique. Torquemada a 15 hérétiques à brûler. Quels chefs d’accusation doit-il retenir contre eux ? Calculez ensuite quels matériaux il doit utiliser pour dégager une chaleur suffisante pour transformer les impertinents en petit tas de cendre trop pipinou? (comme ça on fait tout: l’intolérance religieuse, les différentes manières de dégager de la chaleur et l’espagnol médiéval) (et au passage, j’en profite pour vous dire que la nouvelle série fantastique de TVE est excellente et que je vais la chroniquer tantôt)

3/ En cours de chimie: quel est le potentiel vraiment piquant de la nourriture mexicaine? Pourquoi les ingrédients sont importants pour faire un bon mole? Pourquoi la consistance n’est pas la même si l’on met de la tomate fraîche? Enfin, pourquoi le taco de birria est-il plus difficile à manger que le taco de adobada?

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Vous avez deux heures.

Venin & stylets