Embourgeoisement

C’est l’article qui ne sert strictement à rien.

Les nuages sont en train de s’assombrir derrière les buildings. Ce serait bien qu’il y ait de l’orage.

La chaîne hifi à Xmille boules, c’est le bien. Surtout pour écouter la retransmission de la Traviata et trouver que le chef d’orchestre a dû prendre deux lexomils avant l’acte II vu la rythmique qu’il impose (à part ça, rien à dire, très bon rendu). C’est con mais finalement il y a des constantes dans la vie, et écouter l’opéra le samedi soir sur France Mu en fait partie (sauf quand je dois me présenter à une orgie sadomasochiste avec tout et fouet). Mais bon maintenant, c’est en version embourgeoisée. Et pas juste à cause de la chaîne à Xmille boules.

Quand j’étais petite padawan scénariste (remarque, je suis pas encore devenue grande, quoique), le prof d’histoire du ciné disait qu’un héros n’accepte de s’embourgeoiser que s’il a trouvé la personne correcte pour devenir ridicule. Je pense que c’est bon, là. Je peux hurler « mais putain, mec, tu veux que les chanteurs défunctent en hyperventilation, accélère, t’es pas dans la montée d’Arnac la Poste » sans qu’on m’accuse de découper Verdi en rondelles. J’ai même été recrutée sur cette capacité y’a trois ans pour un CDI d’épouse. En même temps, je remarque juste que je suis en train de virer comme mon papy, qui invectivait les coureurs de la Banesto lors du Tour 1995 en prétendant que si ces messieurs faisaient pipi dans une éprouvette, celle-ci montrerait autant de substances illicites qu’un car de hippies. Sauf que moi j’ai changé de crémerie et j’en suis jamais qu’à ma 292e écoute de la Traviata (dont trois fois en live, pas les meilleures évidemment).

Faut avouer que l’avantage de l’opéra par rapport au cinéma, c’est justement que tu peux encore et encore disséquer -à part évidemment les films changeants, ceux dont il manque et manquera toujours des morceaux, Metropolis, les Stroheim, etc-, une version parfaite c’est rare et tant mieux. La chaîne à Xmille boules, c’est aussi le bien pour ça, et le mari à côté aussi. Je serais à Bastille présentement, je pourrais pas faire mes commentaires sur l’abus de lexomil et apprécier le spectacle en même temps (à Marseille, y’a quinze ans, c’était possible, mais je m’égare).

Au fond, mon prof -qui en même temps était un peu innocent en matière d’embourgeoisement sur les bords je crois-, il se plantait un peu. Il n’y a pas que la notion de ridicule, il y a aussi celle de commodité. Faire des choses que tu faisais quand tu avais huit ans, en restant chez toi comme quand tu avais huit ans, mais avec quelqu’un qui ne te dira pas « shttt écouteuh hein, respecte les musiciens d’abord », mais au contraire « c’est clair, qu’il repasse en seconde ». En même temps je me demande si le prof en question aurait osé dauber sur du Verdi.

(fin du IIe acte, on dirait que le chef a retrouvé son métronome)

 

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