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Interdisciplinarité mon oeil

(les gens, je vous avais fait un beau petit test pour savoir si votre monsieur était métrosexuel, qui devait sortir un mercredi passé. Mais le combo satanique Junior le chat+la nouvelle version de WP l’a bouffé. Désolay, ce sera donc pour la semaine prochaine si tout va bien. En attendant, puisque c’est jeuday, j’ai envie d’entartay -plein de trucs en fait, mais je me limiterai à- la réforme du collège)

S’il est un truc sur lequel on est tous d’accord, c’est qu’un peu partout dans le monde, les années du premier secondaire (autrement dit le collège pour nous les français), ça craint grave du boudin. Quand t’y es, t’as qu’une envie, c’est de te barrer. Quand tu as le malheur d’y enseigner, tu fais des dettes chez Séphora pour oublier (et, ce, quelque soit ton sexe, on dirait). Ok, j’exagère. J’exagère même grave. J’ai un peu bossé dans une boîte de ZEP et ce n’est même pas ma pire expérience professionnelle, très loin de là. C’était même très très sympa en fait.

Donc, reprenons. Le collège pourrait clairement être mieux. Je suis assez d’accord sur ce premier postulat. Surtout depuis qu’on a allégé les programmes, simplifié les textes et fait du n’importe quoi au niveau disciplinaire, force est de constater que les élèves s’emmerdent en cours.  Mais bordayl, la réforme, là, elle n’est ni faite ni à faire.

Je pense que depuis la semaine où elle a été pondue et où je me suis payé une bonne rigolade devant ma salade du chef dans une brasserie de grande chaîne (les seules où tu peux lâcher ton gosse tranquilles, snif, même que je lisais ça pendant que MonMari courait après l’enfant), tout le monde a disséqué cette usine GDF en s’offusquant à mort, les professeurs de lettres classiques en premier lieu. A très juste titre, d’ailleurs.

En tant que modeste professeur de langue étrangère, il y a quand même deux points qui attirent légèrement mon hilarité.

1/ La 2e langue depuis la 5e,  qui visiblement pompera sur les heures de quelques autre matière, laquelle je ne sais, sûrement le français, les maths ou l’histoire (parce que les pauv’ptiots faut pas les surcharger…). Si, en tant que parent bilingue, je ne suis pas contre commencer très tôt l’apprentissage d’une deuxième langue (d’ailleurs, d’une certaine manière, j’ai déjà commencé avec ma fille, il est d’ailleurs fort probable que lors d’un prochain séjour mexicain elle accueille les gens en mode « ¿cómo te fue, pinche güey? »), je reste persuadée qu’apprendre celle-ci dans les moindres détails prend du temps et qu’il convient de ne pas en débuter plusieurs à la fois. Et que si on voulait commencer la première langue au primaire, il faudrait des professeurs vraiment formés à cette langue et plusieurs enseignements dans cette même langue (qui n’est pas nécessairement l’anglais). Je ne dis pas que c’est impossible (je pense que ma fille sera bilingue largement avant la 6e), je dis juste qu’il faudra y mettre le prix, tant au niveau des effectifs que des formations. O wait, la criiiiiiiiiise.

2/ Les projets interdisciplinaires. Actuellement, y’a rien de moins interdisciplinaire qu’un prof français. Je sais, ça a été testé dans des collèges déjà, gnagnagna. Mais quand je lis « le prof de langue et le prof de maths pourront faire des projets ensemble », je trouve ça presque aussi marrant que l’épisode de Al Fresco où Marcial va à la ville et trouve que la Puerta del Sol est plus petite en vrai qu’à la télé. Déjà, en général, les profs de langue passent leur temps à répéter qu’ils sont des vrais littéraires (alors que beaucoup le sont autant que je suis danseuse nue sur la rade à Toulon), raison pour laquelle ils ont arrêté les maths en seconde. En sus, ils ont tendance à être nuls dans toutes les langues qu’ils n’enseignent pas (et/ou à mépriser les collègues). J’imagine, non sans un certain plaisir sadique, le bordel que cela causera peut être dans certaines boîtes.

En attendant, si jamais Dame Fortune avait l’outrecuidance de m’y envoyer dans les années à venir, j’ai déjà quelques propositions pour les collègues:

1/ Avec le prof de bio: calculer la taille actuelle de la barbe de Frida Kahlo. J’ai rien contre Kahlo, j’en ai juste marre d’avoir 15000 pages des manuels sur sa vie. Ouais, je sais, elle s’acceptait elle gnagnagna. Mais j’en ai ras-le-cul des exposés sur sa personne juste parce que les étudiants n’ont pas entendu parler d’autres peintres. Là, on aurait une activité ludique et démystificatrice, et en plus on se marrerait. Si vous avez fini à l’avance, calculez dans combien de temps la barbe en question aura recouvert toute la Terre, et l’effet sur le réchauffement climatique.

2/ Avec le prof d’Histoire et le prof de physique. Torquemada a 15 hérétiques à brûler. Quels chefs d’accusation doit-il retenir contre eux ? Calculez ensuite quels matériaux il doit utiliser pour dégager une chaleur suffisante pour transformer les impertinents en petit tas de cendre trop pipinou? (comme ça on fait tout: l’intolérance religieuse, les différentes manières de dégager de la chaleur et l’espagnol médiéval) (et au passage, j’en profite pour vous dire que la nouvelle série fantastique de TVE est excellente et que je vais la chroniquer tantôt)

3/ En cours de chimie: quel est le potentiel vraiment piquant de la nourriture mexicaine? Pourquoi les ingrédients sont importants pour faire un bon mole? Pourquoi la consistance n’est pas la même si l’on met de la tomate fraîche? Enfin, pourquoi le taco de birria est-il plus difficile à manger que le taco de adobada?

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Vous avez deux heures.